Joe Zubizarreta [1] Président de Zubi advertising à Miami Ethnik! Le marketing de la différence de Anne Sengés, éditions: autrement
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V. Remise en question du marketing ethniqueA. Remise en cause du principe de marketing ethnique aux USA Pour Hector Orcy[2], le marketing ethnique a encore de beaux jours devant lui, car il est de plus en plus facile d’immigrer en important sa culture d’origine par les médias (câble, presse…) ou par internet. Pour lui, à l’inverse de Joe Muse, essayer de plaire à tous le monde en même temps aboutirait à ne plus plaire à personne en fin de course. Les anti-marketing ethnique, eux, disent que par cette pratique « on prônerait les différences au lieu d’intégrer ses immigrés comme les USA le faisait auparavant lorsque que l’on qualifiait les USA de melting pot. La mode du marketing ethnique risque de confiner les consommateurs dans leur ghettos et de fracturer l’Amérique en encourageant la ségrégation. »[3] Le marketing ethnique considère des groupes de population comme homogènes par des caractéristiques raciales. La segmentation réalisée va regrouper dans le cas des asiatiques près de 16 nationalités différentes, on peut se demander alors la validité d’un tel ensemble. Les marketeurs ont tendance à oublier qu’au-delà de leurs caractéristiques raciales, il existe encore d’autres caractéristiques pour viser correctement ces cibles : l’âge, le revenu, le niveau d’éducation… Même l’humour est à utiliser avec des pincettes, les plaisanteries peuvent ne pas être du goût de tous. Beaucoup d’annonceurs, ne se lancent pas dans le marketing ethnique de peur d’être accusés de racisme par manque de tact ou méconnaissance culturelle. Les risques sont effectivement nombreux à se lancer dans le marketing ethnique. L’autre problème est qu’il existe peu d’acteurs asiatiques aux USA, ainsi un acteur qui joue le rôle d’un chinois dans une publicité, est souvent amené à jouer un Coréen dans une autre publicité quelque chose qui ne choque pas les non asiatiques mais qui perd tout effet publicitaire aux yeux d’un asiatique qui lui sait faire la différence et se verra choqué par le fait que l’annonceur aura mis tous les Asiatiques dans le même sac. Outre la manière de communiquer à ces groupes ethniques, la nature du produit promu peut avoir une effet réactionnel sur les populations ethniques. Les consommateurs ethniques sont des cibles appréciées des fabricants de tabac et d’alcool. Une étude ayant démontré par exemple que les consommateurs noirs fument plus que les autres a mené une marque de tabac américaine : Reynolds à les cibler dans leurs publicités. Ces publicités finirent par ne jamais voir le jour car le secrétaire d’état à la santé de l’époque a fait part de son outrage. Les fabricants d’alcools ont été accusés de pratiques similaires (18% des patients des centres anti-alcoolisme sont des noirs, et 50% des consommateurs de cognac sont noirs). Certains professionnels du marketing pour se forger une bonne réputation ont été jusqu’à acheter le silence des leaders des communautés en donnant de l’argent pour des causes afro-américaines. Une autre étude menée en 1989 : « Marketing disease to Hispanics : The selling of alcohol, tobacco and junk foods» dénonçait la prolifération de publicités pour l’alcool, le tabac et pour les aliments type « fast food » dans les médias ciblant les hispaniques. Ces faits pourtant déclarés au grands jour n’ont pas freiné les annonceurs qui continuent (tant que les consommateurs seront au rendez-vous ?).
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CEO de « La Agencia »à Los Angeles [3] Propos extraits du livre Ethnik ! de Anne Sengès et provenant d’un débat entre Tamar Jacoby, journaliste spécialiste des questions d’intgration et Marilyn Halter historienne et spécialiste des questions ethniques. [4] Propos extraits du livre Ethnik ! de Anne Sengès. Felipe Korzenny est le président de Cheskin, cabinet de consultants californiens spécialisés sur les marchés latinos et asiatiques. [5] Propos de Bill Imada : spécialiste du marché asiatique |